
La marque bleue indique le paragraphe de référence dans le Rapport Mapping
284. En décembre 1996, le Président Mobutu a envoyé en province Orientale et dans le Maniema ses troupes d'élite ainsi que d’importants stocks d’armes. Des mercenaires, ainsi que les ex-FAR, ont été intégrés dans le dispositif militaire zaïrois. La contreoffensive promise par le Gouvernement de Kinshasa dans les provinces des Kivu n’a cependant jamais eu lieu en raison de l’état de déliquescence du régime mobutiste, de la désorganisation régnant au sein des FAZ et de la bonne préparation par les militaires de l’AFDL/APR/ UPDF de leurs attaques sur Kindu et Kisangani.
285. Après leur conquête fulgurante des Kivu et de l’Ituri, les responsables de l'AFDL/APR/UPDF ont pris contact avec des généraux de Mobutu et divers groupes Mayi-Mayi et mené une intense campagne de démoralisation visant les FAZ. Le Président de l’AFDL, Laurent-Désiré Kabila401, qui n'avait au départ que très peu de troupes a incorporé de nombreux EAFGA402 recrutés au fil de ses conquêtes (les « Kadogo »), puis reçu le renfort stratégique des « Tigres katangais ». Ces adversaires historiques du régime de Mobutu, incorporés pendant des décennies au sein de l’armée gouvernementale angolaise, sont arrivés en province Orientale en février 1997 et ont donné aux militaires de l'AFDL/APR/UPDF assiégeant Kisangani la capacité en artillerie lourde qui leur manquait.
286. Au cours de leur retraite, les militaires des FAZ ont commis des meurtres et des viols à l'encontre des civils. Ils ont aussi pillé et détruit de nombreux biens leur appartenant. Ils ont souvent forcé les civils à porter sur de longues distances les biens qu'ils avaient pillés404. Les pillages ont été à ce point intenses et systématiques que, le 10 janvier 1997, le Gouvernement de Kinshasa a déclaré la province Orientale (anciennement Haut-Zaïre) région sinistrée.
287. Après la prise de Bunia par l’AFDL, en décembre 1996, l’état-major à Kinshasa a envoyé en province Orientale une unité d’élite de la Garde civile, composée d’ex-Tigres katangais ralliés à Mobutu afin d’épauler les FAZ.
288. Au cours de leur fuite devant l’AFDL/APR/UPDF, les ex-FAR/Interahamwe ont également attaqué des civils.
289. Après la prise de Kindu, le 27 février 1997, les troupes de l’AFDL/APR/UPDF ont renforcé la pression militaire sur Kisangani et sa région. Les FAZ et les mercenaires étrangers qui se trouvaient à Kisangani ont multiplié les exactions à l'encontre de la population, connue pour son hostilité envers le régime de Mobutu. Selon certaines sources, au cours de la période, ils auraient ainsi exécuté plus de 120 civils411.
290. Abandonnée par les FAZ, Kisangani est tombée aux mains des militaires de l’AFDL/APR/UPDF le 15 mars 1997. Au cours des mois qui ont suivi, les responsables de l’AFDL ont tenté de former une nouvelle armée en incorporant des Kadogo et de jeunes miliciens Mayi-Mayi recrutés au fil de leurs conquêtes.
411 Entretiens avec l’Équipe Mapping, province Orientale, février 2009; Témoignage recueilli par l’Équipe d’enquête du Secrétaire général en RDC en 1997/1998; Amis de Nelson Mandela,pour la défense des droits de l’homme (ANMDH) « La précarité de la situation des droits de l’homme avant la chute de la ville de Kisangani entre les mains de l’AFDL », mars 1997; ICHRDD et ASADHO, « International Nongovernmental Commission of Inquiry into the Massive Violations of Human Rights Committed in the DRC - Former Zaïre - 1996-1997 », juin 1998; AI, « Alliances mortelles dans les forêts congolaises », 1997; AI, « Zaïre -Viols, meurtres et autres violations des droits de l'homme imputables aux forces de sécurité », 1997; M. Mabry et S. Raghavan, « The Horror, The Horror: With A Final Spasm Of Violence, Mobutu's Corrupt Regime Lurches Toward A Chaotic Collapse », Newsweek, 31 mars 1997.